dimanche 31 août 2014

Des filles et des femmes

Avant, il y a très très longtemps, je me prenais pour un garçon manqué. A y bien réfléchir, j'imagine que mon esprit était à l'époque pollué par tous ces magazines de filles que je m'enfilais (notamment les inénarrables 20 ans et Jeune et Jolie - paix à leur âme (ou pas)). Mesurant l'écart entre moi et la fille redoutable que j'étais censée devenir en suivant à la lettre les conseils avisés de pigistes désespérés payés à coups de pierre, fatalement, je me prenais au mieux pour un fantôme de fille. 

Cette image de moi-même a été assez déterminante - non pas que ce soit un problème, j'étais (la plupart du temps) à l'aise dans mes baskets ! Je n'ai jamais aimé porter de jupe, ai évité les couleurs, les bijoux, les coiffeurs, et je me débrouillais toujours pour vivre avec une unique paire de chaussures, acceptable (à mon sens) pour toutes les occasions. De toutes façons, j'étais tout le temps en jean. Et puis, je n'avais guère les moyens de faire mieux.

Je ne sais pas trop pourquoi j'écris au passé. Tout ça n'a pas vraiment changé. Sauf qu'aujourd'hui, je dois de temps à autre rentrer dans un certain moule, alors ma garde-robe renferme 2 ou 3 pièces améliorées... Je m'égare. Je ne suis pas là pour faire une revue de mode, vous avez déjà compris que ce n'est pas ma spécialité.

Et puis, ce ne sont que les signes extérieurs de féminité.

Mais à l'intérieur, quand devient-on une femme ? Quand je me pose cette question, je réalise à quel point la fille que j'étais a changé.

En prenant de l'assurance professionnellement.

En trouvant l'homme de sa vie.

En devenant maman.

Mais de là à me classer dans cette mystérieuse catégorie des femmes, il y a tout un monde. Une femme, dans ma conception (bien personnelle et sans doute assez tordue), c'est mature, un peu hystérique aussi, trop têtu, plus indépendant que moi ça c'est sûr, beaucoup moins naïf aussi. Souvent marié ou l'ayant été. En fait, le problème c'est que je pensais qu'à un certain âge, genre 25 ans, on devenait une femme, genre... Automatiquement. J'ai passé le cap des 25 ans, et même celui des 30. Et rien.

(Et pourtant, pourtant, j'en trouve pour m'appeler "Madame". Ca reste rare, mais quand même ! Heureusement qu'il y a ces malotrus du boulot qui me donnent du "miss" à tout bout de champ. C'est exaspérant, déplacé, et ça dénote certainement un manque de respect latent, mais ça fait une moyenne...)

Cette sensation d'être attardée ne me dérange pas. En fait... C'est tout le contraire.

Je ne sais pas me déguiser. Cela pourrait s'avérer problématique, car être rusé, c'est le grand jeu par les temps qui courent. Il faut déjouer les pièges des autres, mettre en place ses propres stratégies... Je ne sais pas faire. Parce que vraiment, ça ne m'intéresse pas. Je n'ai ni l'énergie, ni la disponibilité pour ça. J'ai trop besoin de temps pour prendre du bon temps. Vivre avec les gens plutôt que contre eux. Et je suis comme un livre ouvert, et je vis à cœur ouvert, et c'est tant pis, et c'est tant mieux. Tant pis pour ceux qui ne penseront qu'à en abuser, et tant mieux pour tous les autres. Ces autres qui m'accordent si facilement leur confiance, ces autres qui acceptent si facilement mes sourires, ces autres qui entrent si facilement dans ma petite vie sans traquenard.

Soyons honnêtes, il y a bien sûr de "vraies femmes" qui me scotchent. Intelligentes, humaines, belles, successful sur tous les plans... Si je me prends souvent à me dire que ça doit être génial de renvoyer cette image, finalement, je m'aperçois qu'à aucun moment je ne souhaite être elles.

Donc voilà, tout ça pour dire, je vais peut-être arrêter de me demander quand je deviendrai une femme. Je crois bien qu'en fait, je suis maintenant une grande fille.

Et tant que ça suffira à ceux que j'aime, ça me suffira à moi aussi.

CQFD.

1 commentaire:

  1. Pareil :)
    si, moi j'aimerais bien être une "vraie femme", mais je crois que ça ne serait pas moi...

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