jeudi 23 mai 2013

Y'en a que j'aime pas

Il faut que j'en parle - j'allais écrire "une bonne fois pour toutes", mais non, je ne prends d'engagements que quand je me sens sincèrement capable de les tenir.

Désolée pour les impatients, les succincts, les lecteurs en diagonale et autres amoureux de la concision, mais il me faut commencer par le début. Non pas que je veuille vous forcer à me connaître intimement, mais... Argh, les anglophones ont une expression très juste, dont je ne trouve pas d'équivalent en français : "I see where you're coming from". Je pense qu'un Québecois se permettrait un "je comprends d'où tu viens" - donc, parce que j'aimerais que vous compreniez d'où je viens, je vous emmène faire une petite digression.

J'oublie peu. Je retiens les dates, les conversations, les émotions, mieux que si elles étaient matérielles. Et je me souviens parfaitement, presque honteusement, avoir vécu convaincue que comme j'étais gentille avec tout le monde (j'ai VRAIMENT été comme ça), tout le monde m'appréciait de facto. Vous la voyez venir, la claque ? Je n'en doute pas, alors je vous épargne les détails sur la façon dont j'ai appris, par ragots interposés, que Une Telle et ses copines me trouvaient trop ci, ou pas assez ça (je citerais bien des noms, mais j'ai pris plus bas un engagement qui m'en empêche...). Ce qui compte, c'est ce que ça a déclenché chez moi. Une crise d'adolescence. MA crise d'adolescence. J'ai commencé à douter de tout ce que j'étais, de tout ce que je faisais. J'étais réellement déprimée. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, un sentiment d'injustice m'habitait, et rien ne me laissait espérer qu'il disparaisse un jour. On est comme ça, quand on a 14 ans - être tout neuf, ça n'a pas que des avantages... Ca aussi, ça me préoccupe (traduction : vous n'avez pas fini d'en entendre parler...).

Je suis guérie, je vous rassure. Méchamment guérie. Et il y a des personnes qui me hérissent le poil... Même si ma nature est toujours là : abhorrer pour moi, c'est aussi culpabiliser (dictateurs, tueurs en série et monstres de ces acabits ne sont pas concernés - j'ai hésité à le préciser, mais autant être rigoureuse...). Car après tout, qui suis-je pour juger les vilains menteurs, les coquins voleurs, les radins sans cœur, les badins râleurs...?! Ne trimballe-je pas moi-même des casseroles de défauts abjects ?!

(Attention, j'en arrive à ce que je voulais dire !)

Il y a une catégorie de personnes que je sais brimer sans que cela me laisse mortifiée : normalement, vous en connaissez tous... Vous savez, les experts de la condescendance... Ceux qui ne se sentent bien que s'ils ont dans les mains de quoi se sentir supérieurs (quitte à trafiquer les preuves, d'ailleurs !)... Ces gens-là même à qui ça fait DU BIEN, oui DU BIEN, de mettre mal à l'aise leurs interlocuteurs en les amenant à se sentir complètement crétins ! Ils doivent y repenser en faisant danser le whisky au fond du verre, à l'apéro, le soir ! Pour eux, l'humilité, c'est quand il y a de l'eau dans l'air et du moisi derrière les meubles... Ah non ?? Ben, ils ne voient pas alors ! Beaucoup leur trouvent des excuses - "au fond, il/elle manque de confiance en soi", "tu sais, on lui en a fait voir des vertes et des pas mûres", "il/elle est comme ça, mais c'est pas méchant"... Soit. Bravo, merci, mais des tas de gens ont ces excuses, mais n'en profitent pas pour se bêtifier. Évidemment, je ne les croise pas trop dans la vie perso (je choisis mes amis, quand même...), mais au boulot, pardonnez-moi Madame, mais ça foisonne. Et si ça ne me déstabilise plus aujourd'hui, ça me fiche tout de même 23 de tension. Alors voilà, peut-être que l'écrire m'aura aidé à relativiser... Je vous dirai quoi, un de ces quatre.

Le coup de gueule est sain, la colère l'est moins. Alors permettez que je m'arrête là, en promettant simplement d'essayer de ne plus accorder à ses gens-là plus d'intérêt qu'ils n'en méritent. La digression aura été un peu plus longue que le point en-lui même, mais qu'importe : on le sait tous, y'a que les routes qui sont belles (hum, demain, j'arrête).

A très vite.

LittleMay






4 commentaires:

  1. Oh je comprends ça. Et moi pendant longtemps j'ai essayé de trouver des excuses aux gens.
    Ou bien à douter de ma propre gentillesse, de mon manque de bienveillance et d'ouverture d'esprit face à eux.
    Mais moi aussi j'ai changé.
    Plus on vieillit, plus on "choisit".
    Ado on aime être "populaire".
    Adulte on préfère être mieux entourée, moins mais plus sainement entourée.

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    1. "à douter de ma propre gentillesse, de mon manque de bienveillance et d'ouverture d'esprit face à eux" -> exactement ! C'est tout à fait ça. C'est vrai qu'avec les années, on assume mieux le fait de ne pas être "bien" avec la terre entière, et que l'on choisit avec qui on pense que cela vaut le coup d'être "bien". Et heureusement d'ailleurs, on n'en est sans doute que plus heureux/se.

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  2. Je suis aussi de cette nature, à tout donner, à tout accorder. Cependant, en vieillissant, j'ai appris la bienveillance et surtout le lacher prise. Je trouve toujours des "excuses" aux gens parcequ'après tout, on est tous dans le même bateau et certains s'en sorte mieux que d'autres, il y en a qui trouve les clés à leurs problèmes et d'autres qu'on n'aime pas et se renferme sur eux même. A quoi bon les juger... A quoi bon leur en vouloir... ça ne changera pas le problème...

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  3. Le lâcher prise, oui... C'est l'idéal ! Et c'est pour ça que j'insiste sur le fait que je ne fais pas grand cas de la plupart des "défauts" - qui n'en a pas (et moi... ouh là là !!!)...

    Ici, c'est davantage une rébellion qu'un jugement que je porte - une révolte que je ne maîtrise pas (encore...), envers des personnes qui, chaque jour que Dieu fait, brisent la paix et le naturel des relations humaines en s'obstinant à prendre leurs interlocuteurs de haut. Je comprends, avec le temps, qu'il faut sourire à ces personnes. Je ne m'énerve plus sur elles (bon, ici oui, mais faut bien laisser un peu de vapeur s'échapper !). A ma façon, j'essaye de faire bouger un peu les lignes, de faire passer des messages. D'être honnête avec eux et avec moi-même. Je crois dur comme fer que nous pouvons devenir meilleurs au contact les uns des autres. Sans se donner de leçons, juste en vivant ensemble, en échangeant. Et c'est vrai, ceux qui ne jouent pas pour l'équipe me rendent furieuse... Pour l'instant ;)
    Merci pour ton message Clanatib.

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