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mardi 8 août 2017

C'est l'histoire d'une dame

Les enfants ! Hey, les enfants, je peux vous dire un mot ? Oui, vous deux. Juste quelques minutes. Asseyez-vous là. Merci...

Là, on est bien. Je commence.

Il était une fois... Un nom griffonné sur un morceau de papier. Un nom pas ordinaire, un nom pas extraordinaire. Un nom dont j'avais besoin. C'est comme ça que ça a commencé : j'avais besoin de quelqu'un à qui confier quelque chose de précieux, et on m'a donné ce nom.

Alors un matin glacial de janvier, j'ai mis mon trésor dans les bras de la dame. Obnubilée que j'étais par l'angoisse, je ne sais pas si je l'ai bien regardée. Elle portait sûrement de la couleur. Oui, elle portait sûrement des vêtements joyeux, parce que depuis notre rencontre, je ne l'ai vue vêtue de noir qu'une seule fois. Ce qui est sûr, c'est qu'elle souriait ! Elle avait un sourire rassurant et rayonnait d'une juste empathie, elle voyait bien que j'avais le cœur prêt à exploser de tristesse, parce que je ne voulais pas me séparer du petit colis que je lui apportais. Mais il le fallait, alors elle m'a accompagnée. A la perfection. Et la dame a été là, à partir de ce jour, chaque fois que j'en ai eu besoin. 

Quelques mois plus tard, un projet est né dans ma tête, et j'ai partagé mon idée avec la dame, sans trop y croire quand même. J'avais besoin d'elle pour entreprendre. Et c'est là, les enfants, c'est là qu'elle a prononcé un mot qui a changé ma vie... Elle a dit "oui". Ce "oui" qui a conduit à une réaction en cascade, ce "oui" qui a fait que je ne serais pas où je suis aujourd'hui s'il avait été un "non". 

La suite n'a pas été facile. J'ai été épuisée, à bout de nerfs, j'ai traversé des journées entières au radar, je me suis sentie nulle, je me suis sentie coupable, j'ai été envahie par la certitude de faire fausse route et d'en faire pâtir tout mon entourage. Mais une des choses qui me faisait tenir, les enfants, c'était cette certitude de retrouver chaque matin, pour une vingtaine de minutes, un petit cercle de gens souriants, avec pour chef d'orchestre discret la dame aux couleurs. Chaque matin, son sourire, chaque matin, son regard qui me sondait, et chaque fois que j'en avais besoin, des mains qui se posaient sur mon dos, qui me serraient avec un peu plus de fermeté, me disant sans le dire : "Ça va aller. Je suis là." Et chaque matin, je repartais la tête un peu plus haute, le cœur un peu plus vaillant.

Cette dame-là, les enfants, j'ai un bol monstre d'être tombée sur elle. Et vous, vous avez un bol monstre de grandir sous sa protection. Cette dame-là, elle reconnait les besoins des autres, et si vous la rencontrez vraiment, intimement, elle éprouve, je crois, un besoin naturel de contribuer à les combler. Je sais bien que vous savez tout ça, parce que vous lui ressemblez. Parce qu'elle est contagieuse, au sens le plus merveilleux et le plus rare du terme.

Le mini-colis du début de l'histoire, c'était ma première fille. Le projet, c'était celui de donner de petits cours d'anglais à des enfants de l'école maternelle. La réaction en cascade, c'est celle qui m'a conduit à passer le concours de professeur des écoles. Les mois difficiles ont été les mois sans sommeil où mon temps se divisait entre bercements sans fin, révisions intenses et obsession de ne pas décevoir ma première fille et son papa...

Et la dame, vous l'avez reconnue, hein ? Oui les enfants, c'est bien elle, c'est votre maman. Je sais que les compliments peuvent la mettre mal à l'aise, mais moi, j'avais besoin de dire ma reconnaissance et ma joie de la connaitre à quelqu'un. Et j'étais sûre que vous me comprendriez.

Merci de m'avoir écoutée, je vous laisse retourner à vos occupations. Allez, Hugo, allez, Mélissa, des bisous. A très vite !

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