mardi 9 juillet 2013

Merci, Frédérique

Que je vous raconte.

Vendredi soir, j'ai passé une soirée de folie. Rien bu, rien fumé, pas vue, pas prise - rien de cet ordre, désolée pour les gourmands.

19h40, ma fille est bizarre. Elle a un peu de fièvre depuis 2 jours, mais un peu, quoi. Et là, 39.3. Suis seule à la maison, alors pour une fois, je dois décider seule. Seule ?! Allez ma belle, inspire, expire, réfléchis. Inspire, expire, réfléchis. Inspire, expire...

J'appelle mon homme, il répond. Ouf. Nous décidons qu'il est plus sage de prendre un avis médical avant de la coucher. A 20h20, je dis aurevoirmerci à la dame du 15 qui vient de me diriger vers le médecin de garde, je donne une Cracotte à ma fille pour la faire patienter, je rassemble tout ce qu'il faut pour partir en expédition avec un bébé fiévreux un vendredi soir d'été à 20h30 en pleine Corrida Pédestre de Toulouse.

Maison médicale de garde de la Grave. C'est glauque, et si je dis grave glauque on va croire que c'est un jeu de mots, mais sans rire c'est grave glauque ! Pour ceux qui ne connaissent pas, allez faire un petit tour par-là, vous comprendrez mieux.

A peine le temps de m'installer dans la salle d'attente, Frédérique arrive, tout sourire. Immédiatement, la pièce devient un peu moins glauque.

Je suis Frédérique dans son cabinet-un-peu-glauque-mais-ça-passe. Le consult' se passe comme elle se passe, je communique tant bien que mal avec Frédérique par-dessus les hurlements de ma fille, éternelle blouseblanchophobique. Je garde le sourire, je garde le moral. Même quand je comprends que je vais devoir traverser tout Toulouse à pied et en poussette pour aller chercher les médicaments à la glauquissime (hors concours !) pharmacie de nuit de Jean Jaurès, j'accepte l'idée sans broncher. Après tout, ma fille n'a qu'une angine, et je n'avais rien de prévu ce soir. Alors crapahuter en ville jusque 22h30 au lieu de comater devant ma série, ça ne m'irrite pas plus que ça. J'en suis là dans mes réflexions quand Frédérique interrompt ses tapotements de clavier, nous regarde en souriant, ma fille-sirène (de pompiers) et moi, et dit...

Oui mais si je vous dis là-tout-de-suite-comme-ça ce qu'elle a dit, vous n'allez pas comprendre pourquoi c'est important. Et si je ne vous explique pas, alors autant ne pas vous raconter cette histoire ! Donc, pause.

C'est presque toujours injuste et injustifié, mais une maman n'échappe pas à la loi des catégorisations. Alors pour info, je suis THE maman stressée. Parce que je vérifie si ma fille respire dans son sommeil, parce que je m'inquiète pour elle quand on n'est pas ensemble, parce que je fais très attention à ce qu'elle mange, parce que je peine à retenir mes larmes quand je pars en déplacement professionnel pour 48h... Moi, je trouve que je suis juste dans la moyenne, et j'irai même jusqu'à dire que je sais faire preuve d'un sang-froid certain lorsque cela s'avère nécessaire. Mais peu importe, je suis une maman stressée, ce qui explique magnifiquement et naturellement les problèmes de sommeil qu'a eus ma fille, ses pleurs de séparation, son anxiété face à certains inconnus... Et je vous passe les "Ah ça de toutes façons, c'est certain ! Maman-cool, bébé-cool, maman-anxieuse, bébé-anxieux !" pleins de sous-entendus.

Alors que Frédérique m'ait percée à jour ou que j'aie merveilleusement joué la comédie, peu importe. Je ne veux surtout pas savoir par quelle magie elle a adressé à ma fille cette phrase magique, percutante, médicament. Elle n'aura jamais idée du bien qu'elle m'a fait. Frédérique est-elle une bonne ou une mauvaise personne dans la vraie vie ? Une bonne, j'espère, sinon, tant pis. Quand cette phrase s'est glissée dans mon oreille, il y a eu comme une vague à l'intérieur de moi. Etait-ce la fatigue de la semaine, l'effet de surprise ? J'ai dû baisser le regard pour lui cacher que j'avais les larmes aux yeux lorsqu'elle a prononcé, pensive, ces quelques mots gentils :

"- Lilwenn, tu en as de la chance d'avoir une maman cool comme ça, tu sais !"

Oui, c'est tout, et non, ma réaction n'est pas excessive. D'abord parce que c'est une petite victoire que je ne compte pas oublier de sitôt, et ensuite parce que je suis sûre que d'autres mamans souffrent un peu, comme moi, de leur image de maman stressée. Je partage cette petite victoire avec elles !

Alors voilà, c'est tout mais c'est déjà énorme.

Au fait...

Merci, Frédérique.

7 commentaires:

  1. Bravooo!!!!

    Moi aussi je suis hyper stressée. Mon ainé état très souvent malade (asthme) et même encore maintenant (plus malade que les autres). Comme il m'a souvent paniquée!!!

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    1. Oh je ne mérite pas de "bravo" ;) C'est juste un bonheur d'entendre les mots qu'on a besoin d'entendre, au moment où on a besoin de les entendre, par quelqu'un qui ne sait même pas qu'on en avait besoin ! Je savoure, parce que c'est la première (et qui sait peut-être la dernière :/) fois qu'on me dit ça ! :)
      Ah ça je comprends que ton coeur et ton estomac aient fait des bonds avec ton aîné. J'ai une très bonne amie qui en est à 3 hospitalisations en 15 mois. Ses frayeurs sont indescriptibles !!! Et là... Vive la solidarité entre mamans...

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  2. il est clair qu'elle a beaucoup de chance de t'avoir petit Lilwenn

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    1. Merci... J'ai plus de chance encore de l'avoir, elle. Quand j'écris mon bonheur d'être maman, je pense toujours à celles qui en sont privées.

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  3. Coucou, je viens de relire tout tes écris, et c'est fou comme tes mots me touchent à chaque fois... merci à toi, merci d'être là !
    Cette simple phrase de Frédérique ;) arrivée au bon moment, peut effectivement nous faire chavirer, surtout quand elle touche nos bébés et qu'elle met en valeur nos qualités de mamans <3
    Des bisous ma belle :)

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    1. Merci... Ca me fait plaisir de savoir que "je te parle". Oui on chavire facilement nous ! C'est propre aux mamans je crois ! On est souvent sur le fil, à fond, comme des funambules qui courent et courent et courent ! Dur de ne pas tomber... Mais quand on a la chance d'être bien entourée, on se relève...;)

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  4. Mais oui, tu es cool :)
    De la part d’une maman cool (trop cool ? Cindy m’a dit qu’elle stressait pour moi de voir Henri debout dans les jeux du parc ;)
    Mais bon quand ils sont malades, on stresse toutes ! J’ai la chance d’avoir des enfants rarement malades (je touche du bois) mais dans ton cas je serais encore plus stressée. Et il y a pire… les enfants asthmatiques, je n’imagine pas le stress… mais le stress, yen a besoin aussi parfois !

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