mercredi 31 octobre 2018

Ca va bien.

Ca va bien, quand t'as le cerveau sain. Quand tu prends les emmerdes avec un grain de sel, quand tu regardes ailleurs et que tu vois qu'c'est pire, ça va bien.

T'entends tes enfants rire, ton mari plaisanter, et tu te dis qu'enfin, quand même, ça va bien.

La vie t'envoie des piques en plein coeur, en pleine tête, tu les arraches sans même y penser, parce qu'enfin, ça va bien.

Tu as ton café du matin, des repas chauds, du chocolat, des sourires, des câlins, et ça suffit à ton bonheur : ça va bien.

100 soirs de suite, 100 matins de suite, tu souris au sort qui t'exténues pour mieux le conjurer, et ça marche : ça va bien !!!


Et puis il y a ce matin. Ce matin comme les autres, où rien ne se passe différemment. Sauf que tu exploses. Tout contrôle devient subitement impossible.

Tu étais à l'abri de ça ! Tu voyais les autres s'écrouler, tu avais de la compassion, mais quelque part, salement, égoïstement, ça t'aidait à te dire que tes épreuves à toi étaient largement surmontables.

Maintenant tu es debout. Accrochée à une nouvelle, deux nouvelles, la vie suspendue, mais repartie sans doute pour 100 soirs et 100 matins, un peu plus consciente de ta fragilité. Un peu plus consciente du fait qu'il faut t'aider toi-même, si tu veux continuer à être là pour les autres.

Les autres. Cette autre qui t'a relevée ce matin-là. Ces autres pour qui tu peux vraiment quelque chose. Ces autres encore, auprès desquels tu es missionnée au quotidien. Et puis, bien sûr, bien sûr, ceux pas si "autres" que ça - ta famille.

Demain tu auras 36 ans. Tu es un peu plus sage qu'il y a 5 ans, peut-être moins que dans 5 ans.

Quoi qu'il en soit, n'oublie pas de prendre soin de toi.

Ca compte pour moi. Pour toi. Pour eux.

Bien à toi - ou à moi,

Moi - ou toi.

mercredi 6 décembre 2017

Des illusions

J'avais entendu.

Avais-je écouté ?

"J'ai tout ce qu'il faut pour être heureux/se... Mais ça va pas. Ca va pas."

Je m'étais sans doute dit, légèrement "jugeante" soit-dit en passant, que les innombrables humains qui font un jour cet aveu avaient sans doute surtout refusé de voir la vérité en face. "Refusé", en pleine conscience, de leur plein gré. Et puis, si le "tout pour être heureux" désignait des bien matériels, alors là, n'en parlons pas. On nous le répète depuis notre enfance, que l'argent ne fait pas le bonheur, non ?...

Et puis, j'ai compris. J'ai compris la puissance du cerveau. J'ai saisi la profondeur de du subconscient. Au-delà de théories dont je ne connais que le nom, bien loin de l'influence des théoriciens. J'ai vu en face la complexité de l'intimité humaine. 

J'ai compris que l'on peut être taraudé pendant des décennies par une phrase, un regard, un événement, sans à aucun moment y penser vraiment. C'est une telle évidence, à présent...

"Rien ne reste enfoui à jamais, un jour les choses remontent à la surface, c'est inévitable."

Encore un foutu poncif, une formule tout juste bonne à meubler un roman de gare. 

Eh non, encore raté.

Oh, je ne dis pas que c'est la fin du monde... Je dis juste... C'est une étape importante dans une vie, la perte d'illusions. "Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis..." Expression inélégante s'il en est. Et pourtant ! C'est peut-être en nous déshabillant de nos croyances, en acceptant de laisser au bord du chemin nos vieilles illusions, que nous avançons plus légers, plus savants, vers un âge certain. Lui !

dimanche 5 novembre 2017

Liée

Liée, je suis liée.

Liée, comme encordée au cœur.

Liée, comme inexorablement transposée dans le corps de ceux dont le destin réveille mon humanité. Peut-être en résonance avec un événement oublié de mon passé. Ou pas.

Liée à ces femmes sublimes dont on a piétiné le sort.

Liée à ces mères qui s'épanouissent tout en souffrant dans cette quête de perfection que je comprends tellement.

Liée à ces gosses nés dans et pour la malchance.

Liée, bien sûr, inconditionnellement liée à ma famille.

Et liée, liée à ces petites, ces petites filles-là, que je ne connais pas et qui pourtant, me font ressentir plus que jamais que je suis liée. Penser à elles, penser à leur courage, à leur parcours en duo jusqu'à la vie, me fait tressaillir. Elles qui sont nées dans un nid sûr, mais elles que la vie a tellement pressées qu'elles ont dû se battre pour elle dès leurs premiers jours, dès leurs premières heures. Elles dont la présence sur Terre illustre si bien les méandres et les miracles de la vie.

Ces petites-là, j'y pense tous les jours. J'y pense quand je me plains, j'y pense quand j'ai mal, j'y pense quand je perds courage. Et je ne peux alors que relever la tête.

Liée, je suis liée. Etre liée me rend instable, beaucoup trop sensible, beaucoup trop vulnérable. Et pourtant, à aucun moment je n'ai souhaité me départir de cette étrange habitude d'assimiler et de porter le destin d'autres êtres.

Liée, je suis liée, à ces personnes spéciales, qui parfois même ne le savent pas, ou ne le savent plus.

Ces mariages sont les seuls qui font sens pour moi. Ma vie s'en nourrit, et prend grâce à eux de meilleurs tournants.

Liée, pour le meilleur et pour le pire, liée sans l'avoir choisi.

Liée par nature, et même dans les larmes, même dans l'impuissance, toujours heureuse, car toujours plus riche, de cette richesse que nous cherchons tous.

Liée à beaucoup, liée et un peu débordée.

Folle et liée.

dimanche 8 octobre 2017

Langue maternelle

Il y a une chose qui fait partie de moi d'une façon si naturelle et si ancestrale, que je n'ai jamais songé à la décrire.

J'aime tellement, tellement les mots que je n'ai jamais envisagé de vivre sans ceux que ma langue maternelle ne contient pas. J'ai rencontré dans les autres langues des trésors de précision, le reflet indécemment juste de ressentis profonds.

Alors j'emmagasine. J'apprivoise les parlers de terres dont je ne foulerai jamais le sol, de femmes et d'hommes dont je ne sentirai jamais la chaleur. Je découvre avec délices des écritures totalement déconnectées de ma culture, je me laisse subjuguer et rafraîchir par leur intelligence insoupçonnée.

Mais récemment, j'ai compris que mon corps parlait une autre langue. Une langue intime, source de délivrance. Une langue que je n'ai pratiquée que seule, ou presque, tout au long de ma courte vie. Pourtant, si je devais coucher sur le papier ma biographie, c'est sans doute celle-là que j'emploierais. C'est vrai, je crois que je n'aurais idée de me raconter ni en français, ni en anglais, ni en allemand, ni en espagnol, ni en italien, ni en russe.

Un jour, je me raconterai en larmes. Des larmes qui ne seront pas des complaintes, mais autant de mots qui diront avec une aisance jouissive les douleurs refoulées.

Je décrirai en larmes les blessures de l'enfance et de l'adolescence.

Je décrirai en larmes les doutes indomptables.

Je décrirai en larmes le bonheur d'être une mère au sein d'une famille à flot.

Je décrirai en larmes toute la chance qui me frappe.

Je décrirai en larmes le poids des disparus.

Je décrirai en larmes la peur de basculer.

Je décrirai en larmes l'amour qui tourne la tête.

Le jour où je m'arrêterai pour me raconter en larmes, j'aurai les yeux rougis, et le coeur tout blanchi. J'aurai les joues creusées, mais la tête relevée.

J'aurai laissé, enfin, et l'âge et la sagesse, accéder à mon âme.

J'aurai autorisé, et mon corps et mon être, à passer à la suite.

Je parlerai en larmes, et ce, passionnément. Si l'On m'en laisse le Temps.

samedi 19 août 2017

Lettre à Paul

Tu es parti comme une fusée. 
On a tourné le dos une seconde, celle d'après nous étions privés de ton sourire, de ta voix, de tes mains.
Je ne crois pas encore à ton départ. Pour l'heure, il pèse sur mon cœur comme une mauvaise farce que le temps devrait effacer.
Tu es parti comme une fusée, et je ne t'ai pas perdu, mais j'ai peur de te perdre.
Je revis notre première rencontre dans ma tête, je ré-écoute tes mots qui m'ont tant marquée.
Et surtout, Paul, surtout.
Je revois tes mains autour de mes enfants. Je revois tes câlins.
Je ne sais pas envisager la douleur d'Esther.
Je ne sais pas envisager qu'on déshabillera les murs de ton cabinet.
Je ne sais pas envisager que je ne t'enverrai plus de photos de mes filles qui grandissent. Tu les as protégées, tu as été leur "avocat" d'après tes propres mots, quand elles ne pouvaient pas encore me dire leurs maux.

J'ai envie de dire des gros mots, Paul, je te jure que j'ai envie de jurer à n'en plus pouvoir. Tu me comprends peut-être, toi que les gros mots ne gênaient pas tant que ça.

Paul, je veux écrire tes blagues, je veux décrire tes effusions de joie et de colère, je veux te remercier jusqu'à plus soif d'avoir été un pilier si fiable, si robuste, si rassurant dans mon expérience de la maternité. Je ne veux oublier aucun des secrets que je t'ai confiés, aucune des larmes que j'ai versées devant toi, aucun des élans de reconnaissance que j'ai ressentis à tes côtés. 
Tu as tellement donné la vie qu'on n'imaginait pas qu'un jour, on te prendrait la tienne.
Cela fait 48 heures, Paul, que des bébés naissent sans tes mains pour les accueillir, et ça me révolte. 
Je mesure le privilège qui est le mien. Car chaque jour de la vie de mes filles, je pourrai les regarder et revoir sur leur petit dos, l'empreinte de tes mains immenses.
Je ne sais quel hommage te faire. Je ne veux pas arrêter là ma lettre. Je voudrais écrire jusqu'à ne plus avoir mal, mais soyons honnêtes... 

Mes filles m'attendent. Je dois aller les baigner, les soigner, les nourrir, les coucher.

Continuer ce que tu as commencé, Paul. Continuer ce que tu as commencé.

mardi 8 août 2017

C'est l'histoire d'une dame

Les enfants ! Hey, les enfants, je peux vous dire un mot ? Oui, vous deux. Juste quelques minutes. Asseyez-vous là. Merci...

Là, on est bien. Je commence.

Il était une fois... Un nom griffonné sur un morceau de papier. Un nom pas ordinaire, un nom pas extraordinaire. Un nom dont j'avais besoin. C'est comme ça que ça a commencé : j'avais besoin de quelqu'un à qui confier quelque chose de précieux, et on m'a donné ce nom.

Alors un matin glacial de janvier, j'ai mis mon trésor dans les bras de la dame. Obnubilée que j'étais par l'angoisse, je ne sais pas si je l'ai bien regardée. Elle portait sûrement de la couleur. Oui, elle portait sûrement des vêtements joyeux, parce que depuis notre rencontre, je ne l'ai vue vêtue de noir qu'une seule fois. Ce qui est sûr, c'est qu'elle souriait ! Elle avait un sourire rassurant et rayonnait d'une juste empathie, elle voyait bien que j'avais le cœur prêt à exploser de tristesse, parce que je ne voulais pas me séparer du petit colis que je lui apportais. Mais il le fallait, alors elle m'a accompagnée. A la perfection. Et la dame a été là, à partir de ce jour, chaque fois que j'en ai eu besoin. 

Quelques mois plus tard, un projet est né dans ma tête, et j'ai partagé mon idée avec la dame, sans trop y croire quand même. J'avais besoin d'elle pour entreprendre. Et c'est là, les enfants, c'est là qu'elle a prononcé un mot qui a changé ma vie... Elle a dit "oui". Ce "oui" qui a conduit à une réaction en cascade, ce "oui" qui a fait que je ne serais pas où je suis aujourd'hui s'il avait été un "non". 

La suite n'a pas été facile. J'ai été épuisée, à bout de nerfs, j'ai traversé des journées entières au radar, je me suis sentie nulle, je me suis sentie coupable, j'ai été envahie par la certitude de faire fausse route et d'en faire pâtir tout mon entourage. Mais une des choses qui me faisait tenir, les enfants, c'était cette certitude de retrouver chaque matin, pour une vingtaine de minutes, un petit cercle de gens souriants, avec pour chef d'orchestre discret la dame aux couleurs. Chaque matin, son sourire, chaque matin, son regard qui me sondait, et chaque fois que j'en avais besoin, des mains qui se posaient sur mon dos, qui me serraient avec un peu plus de fermeté, me disant sans le dire : "Ça va aller. Je suis là." Et chaque matin, je repartais la tête un peu plus haute, le cœur un peu plus vaillant.

Cette dame-là, les enfants, j'ai un bol monstre d'être tombée sur elle. Et vous, vous avez un bol monstre de grandir sous sa protection. Cette dame-là, elle reconnait les besoins des autres, et si vous la rencontrez vraiment, intimement, elle éprouve, je crois, un besoin naturel de contribuer à les combler. Je sais bien que vous savez tout ça, parce que vous lui ressemblez. Parce qu'elle est contagieuse, au sens le plus merveilleux et le plus rare du terme.

Le mini-colis du début de l'histoire, c'était ma première fille. Le projet, c'était celui de donner de petits cours d'anglais à des enfants de l'école maternelle. La réaction en cascade, c'est celle qui m'a conduit à passer le concours de professeur des écoles. Les mois difficiles ont été les mois sans sommeil où mon temps se divisait entre bercements sans fin, révisions intenses et obsession de ne pas décevoir ma première fille et son papa...

Et la dame, vous l'avez reconnue, hein ? Oui les enfants, c'est bien elle, c'est votre maman. Je sais que les compliments peuvent la mettre mal à l'aise, mais moi, j'avais besoin de dire ma reconnaissance et ma joie de la connaitre à quelqu'un. Et j'étais sûre que vous me comprendriez.

Merci de m'avoir écoutée, je vous laisse retourner à vos occupations. Allez, Hugo, allez, Mélissa, des bisous. A très vite !

mercredi 19 juillet 2017

Teachers don't cry

17 novembre 2016.

J'ai 2 mois et demi d'enseignement. A mi-temps.

Je les sens dans les jambes, je les vis dans mes mains, ils pèsent joliment lourd dans mon cœur. Mon rêve prend corps. Il m'use et me fait grandir en même temps.

J'ai tous les défauts du monde. Je pèche, parait-il, par excès d'empathie envers les élèves et leurs parents. A chacun sa vérité - je dirais plutôt que que j'ai pour seul bagage mon instinct, et ça, pour le meilleur et pour le pire.

17 novembre 2016.

Je vais enfin rencontrer les parents de S. Enfin, nous allons pouvoir en parler, comprendre un peu, prendre des décisions. Avec la famille. Co-éducation POWER en FORCE. Entreprendre de sauver S., rien de moins que ça ! La veille au soir, j'ai passé plus de 2 heures à rédiger un document, avec autant de justesse que possible, pour décrire son comportement, son évolution, les problèmes, les difficultés. Deux heures à reprendre, à nuancer. Il fallait que la trace soit pertinente, utile, évocatrice. Et puis quelque part, je jouais ma crédibilité.

17 novembre 2016.

J'ai passé la matinée à reprendre mon compte-rendu, à prendre des conseils, à intégrer les commentaires de l'autre enseignante. Je n'ai écouté les cours que d'une oreille. A 12:36, j'ai envoyé à ma directrice la dernière mouture de mon document, puis j'ai pris la route. J'ai mangé dans ma voiture, l'enthousiasme au ventre et la caféine au cœur (ça marche aussi dans l'autre sens). C'était ma première équipe éducative, j'étais remontée à bloc. Quand je suis arrivée à l'école, je n'ai encore prêté qu'une oreille distraite aux prévisions pessimistes de ma directrice.

13:40.

Je me tiens droite dans le couloir, le dossier de S. sous le bras. Je ne sais ni quand ni de quel côté les parents de S. vont surgir, et je veux faire bonne impression. Leur faire comprendre d'emblée que je suis de leur côté. Qu'ils ne sont pas là au tribunal.

13:50.

...

14:00.

Ma directrice appelle le papa. Il n'a que de la colère à partager. Il a du boulot, son ex-femme aussi, on ne leur a pas laissé le choix du créneau horaire. Et puis, les équipes éducatives, merci bien : ils se sont laissés piéger une fois, avec la plus jeune de leurs filles : il n'y aura pas de deuxième fois ! Se retrouver face à un psy, et puis quoi encore ? Lui et son ex-femme sont CONTRE les psys : c'est quand même à eux, parents, que revient l'éducation de leurs enfants !

Mea culpa. J'avais pas idée. J'étais persuadée que les faits, les simples faits, suffiraient à mobiliser les deux parents de S.

S. est en conflit permanent avec le monde entier.

S. n'effectue aucun travail en classe.

S. se roule par terre et pousse des cris en plein cours.

S. se frappe et frappe les autres à tout bout de champ.

S. vole et s'attache passionnément aux objets de ses larcins.

S. a 7 ans, 5 mois et 6 jours.

Alors voilà, franchement, je suis tombée d'un peu haut et je me suis fait un peu mal. Et oui, franchement, une fois dans ma voiture, j'ai pleuré pour S. J'ai pleuré sur son sort. J'ai été écœurée, outrée, j'ai été en colère contre l'inconscience de ses parents*. Je les ai même peut-être un peu insultés, dans ma tête ou à haute voix, je ne sais plus trop. C'est flou.

No worries : les larmes dans la voiture, je sais bien qu'elles n'étaient pas pro**. Mais c'est le métier qui rentre, et il faut bien que ça se fasse, ma bonne dame. Tout de même, elles ont marqué un autre début. Ce 17 novembre 2016, je me suis améliorée. J'ai arrêté de ne voir que ce que je voulais bien voir, de ne croire ce que je voulais bien croire. J'ai eu un peu plus d'indulgence pour la dureté de ma directrice (un peu). Il m'a été démontré par a+b que, malgré tous les beaux projets que l'Education Nationale a pour ses millions de petits élèves, je serais assez souvent seule avec mes petites jambes, mes petites mains et mon petit cœur, et qu'il allait falloir bien faire avec.

Et puis, j'ai compris que finalement, de l'empathie, quoi qu'en pensent les bonnes gens, il allait m'en falloir un paquet, et que du coup, en fait, ben j'étais peut-être bien exactement, précisément, pile-poil à MA place. Nom d'un petit bonhomme en bois***.

*Evidemment, mon point de vue sur cette situation, et sur les situations similaires à celle-là, a beaucoup évolué au fil des mois. Mais ça, c'est une autre histoire.
**D'ailleurs, je ne les ai même pas décomptées de mes 108 heures.
***Private joke inside. Un bisou à mes élèves.

vendredi 14 juillet 2017

Juillet #34

Juillet.

Les poncifs sont de douillets refuges pour ceux qui les manient avec sincérité.

Juillet.

Il fait beau, le soleil nous irradie l'âme. La misère est réputée moins pénible à supporter.

Juillet.

Et pourtant, on en a vu des années. Alors qui, à part les moins de 10 ans, qui peut croire que la vie retient les coups du 21 juin au 22 septembre ?!

En juillet, pas de trêve pour la pire des peurs, le pire des doutes qui soient. Pas de trêve pour les douleurs les plus invincibles. En juillet, pas de trêve pour les cancers, pas de trêve pour l'épuisement des corps malades depuis trop d'années. Pas de trêve pour les accidents.

Et quand bien même. Juillet peut aussi t'apprendre que sourire, rire, pleurer de joie n'est jamais impossible.

Ne pas être familier avec le malheur, c'est un f... p... de luxe. Et en même temps, c'est le craindre bien plus que tu ne le devrais.

Une baffe énorme, inimaginable, vient de nulle part, et tu tombes pendant une, deux, dix, trente semaines... Avant d'amorcer, inévitablement, une remontée plus ou moins rapide. Et tu regardes en face ce futur tout déformé, et tu trouves en toi les ressources pour oser y commettre un premier pas. Un jour, non sans amertume mais non sans fierté, tu y cultiveras même un autre bonheur.

Si tu ne restes pas seul, tout est possible.

Et si juillet est clément avec toi, demeure alerte : pour un autre, tu es peut-être le passant qui rendra août envisageable.

jeudi 21 mai 2015

Je t'aime, je vous aime

Je t'aime, je t'aime, je t'aime.

Et j'enrage de ne pouvoir me persuader que tu en es convaincue.

Et je suis en colère parce que j'ai le temps de te le dire, mais pas le temps que je voudrais pour te le prouver.

Je t'aime et j'aime ta sœur. Je te le dis, tu me dis que tu comprends. Mais ton regard m'indique le contraire. Douloureusement.

Je te connais, ma fille, je te connais tellement que je vis à chaque seconde, dans mes tripes, ta jalousie, ta colère, tes frustrations, ta bonne volonté si souvent contrariée. Je vois clairement ton ambivalence, et je ne trouve pas les clés pour t'aider à surmonter ça.

Je suis une double maman folle de ses deux filles. Une double maman qui, comme toutes les double mamans de la Terre, refuse que l'une reçoive moins que l'autre.

Je t'aime, toi ma grande qui m'as appris à être maman. Grâce à toi, une meilleure maman pour ta petite sœur, je crois, et j'en suis aussi un peu désolée pour toi.

Ma fille, tu as été mon Monde à la seconde où tu es née, et tu le resteras toujours. "Je te garderai toujours", comme tu aimes à l'entendre... Oui, ma grande, tu es ma vie autant que ma vie est ma vie. Rien ne passera jamais devant toi, et j'ai hâte que tu comprennes qu'en fait, avoir une copine pour te tenir la main en pole position, c'est quand même super mieux.

En attendant, je dois m'accommoder d'avoir le cœur brisé chaque fois que tu perds le contrôle de tes émotions. Et chaque fois que tu parviens à user ma patience, qui n'est plus que peau de chagrin à force d'être grignotée par des nuits en pointillés.

Tu vois Lilwenn, je t'écris cette lettre d'amour d'une seule main, parce que ta sœur repose sur l'autre. Et le contenu en est inchangé. Bientôt, ce sera pareil dans notre vie : nous nous serons tous ajustés, et je saurai être entière pour vous deux.

Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Je ne sais pas si le dire un million de fois t'aidera à en être sûre, mais je peux au moins essayer.

Je veux voir grandir ta sœur, et pas trop vite, si possible, bien sûr, mais j'ai vraiment hâte de te retrouver. Car là-dessus au moins, je n'ai aucun doute : on va se retrouver, et ce sera mieux que jamais.

Et tu aimeras faire partie d'une famille. Au point, qui sait, d'en redemander... Qui sait ?!

lundi 11 mai 2015

Une autre maman

Ce week-end, j'ai rencontré une maman. Je la connaissais déjà, sans la connaître vraiment. Au diable les catégories de mamans, oui ! Mais avouons-le, il y en a à qui on a l'impression de ressembler plus que d'autres.

J'ai vu une maman ouvertement folle amoureuse de son petit homme.

J'ai vu une maman qui semblait vivre chaque cri, chaque larme, chaque sourire de bébé au plus profond d'elle-même, à l'exacte même micro-seconde.

Une maman émue, comme encore shootée aux hormones 6 mois après son accouchement.

Une maman pour qui tout a son importance. Chaque courant d'air. Chaque cuillère. Chaque dodo. Chaque grimace.

Une maman d'un premier bébé.

Une maman-cocon.

Une maman soucieuse, remuée, mais heureuse, je crois.

Une maman qui rit et qui sourit beaucoup, beaucoup.

Une maman qui pleure un peu.

Ca m'a fait du bien ! Je me suis vue de l'extérieur, trois ans en arrière, et je ne me suis pas trouvée "chiante" ni "stressée", comme j'ai pu le craindre souvent (et comme on me l'a reproché, à l'occasion).

Non, ce que j'ai vu dans cette femme-là, c'est une maman qui suit à 100% son feeling de maman, qui applique des principes qui lui viennent du coeur, et surtout qui assume tout ça bien mieux que je n'ai su le faire !

J'aurais aimé lui dire, mais tu sais, c'est pas facile à exprimer les yeux dans les yeux. Et puis, l'écrire ici, ça en fait un message un peu plus universel. Et qui sait, elle se reconnaîtra peut-être.

Si toi aussi tu te reconnais dans ce petit portrait, alors répète-toi bien ça - ne laisse personne te faire croire que tu es chiante. Tu n'es pas meilleure qu'une autre, mais les concours de maman ça n'existe pas (enfin, ça ne devrait pas).

T'es juste au top, et c'est déjà pas si mal...

samedi 22 novembre 2014

Jamais seule


dimanche 31 août 2014

Des filles et des femmes

Avant, il y a très très longtemps, je me prenais pour un garçon manqué. A y bien réfléchir, j'imagine que mon esprit était à l'époque pollué par tous ces magazines de filles que je m'enfilais (notamment les inénarrables 20 ans et Jeune et Jolie - paix à leur âme (ou pas)). Mesurant l'écart entre moi et la fille redoutable que j'étais censée devenir en suivant à la lettre les conseils avisés de pigistes désespérés payés à coups de pierre, fatalement, je me prenais au mieux pour un fantôme de fille. 

Cette image de moi-même a été assez déterminante - non pas que ce soit un problème, j'étais (la plupart du temps) à l'aise dans mes baskets ! Je n'ai jamais aimé porter de jupe, ai évité les couleurs, les bijoux, les coiffeurs, et je me débrouillais toujours pour vivre avec une unique paire de chaussures, acceptable (à mon sens) pour toutes les occasions. De toutes façons, j'étais tout le temps en jean. Et puis, je n'avais guère les moyens de faire mieux.

Je ne sais pas trop pourquoi j'écris au passé. Tout ça n'a pas vraiment changé. Sauf qu'aujourd'hui, je dois de temps à autre rentrer dans un certain moule, alors ma garde-robe renferme 2 ou 3 pièces améliorées... Je m'égare. Je ne suis pas là pour faire une revue de mode, vous avez déjà compris que ce n'est pas ma spécialité.

Et puis, ce ne sont que les signes extérieurs de féminité.

Mais à l'intérieur, quand devient-on une femme ? Quand je me pose cette question, je réalise à quel point la fille que j'étais a changé.

En prenant de l'assurance professionnellement.

En trouvant l'homme de sa vie.

En devenant maman.

Mais de là à me classer dans cette mystérieuse catégorie des femmes, il y a tout un monde. Une femme, dans ma conception (bien personnelle et sans doute assez tordue), c'est mature, un peu hystérique aussi, trop têtu, plus indépendant que moi ça c'est sûr, beaucoup moins naïf aussi. Souvent marié ou l'ayant été. En fait, le problème c'est que je pensais qu'à un certain âge, genre 25 ans, on devenait une femme, genre... Automatiquement. J'ai passé le cap des 25 ans, et même celui des 30. Et rien.

(Et pourtant, pourtant, j'en trouve pour m'appeler "Madame". Ca reste rare, mais quand même ! Heureusement qu'il y a ces malotrus du boulot qui me donnent du "miss" à tout bout de champ. C'est exaspérant, déplacé, et ça dénote certainement un manque de respect latent, mais ça fait une moyenne...)

Cette sensation d'être attardée ne me dérange pas. En fait... C'est tout le contraire.

Je ne sais pas me déguiser. Cela pourrait s'avérer problématique, car être rusé, c'est le grand jeu par les temps qui courent. Il faut déjouer les pièges des autres, mettre en place ses propres stratégies... Je ne sais pas faire. Parce que vraiment, ça ne m'intéresse pas. Je n'ai ni l'énergie, ni la disponibilité pour ça. J'ai trop besoin de temps pour prendre du bon temps. Vivre avec les gens plutôt que contre eux. Et je suis comme un livre ouvert, et je vis à cœur ouvert, et c'est tant pis, et c'est tant mieux. Tant pis pour ceux qui ne penseront qu'à en abuser, et tant mieux pour tous les autres. Ces autres qui m'accordent si facilement leur confiance, ces autres qui acceptent si facilement mes sourires, ces autres qui entrent si facilement dans ma petite vie sans traquenard.

Soyons honnêtes, il y a bien sûr de "vraies femmes" qui me scotchent. Intelligentes, humaines, belles, successful sur tous les plans... Si je me prends souvent à me dire que ça doit être génial de renvoyer cette image, finalement, je m'aperçois qu'à aucun moment je ne souhaite être elles.

Donc voilà, tout ça pour dire, je vais peut-être arrêter de me demander quand je deviendrai une femme. Je crois bien qu'en fait, je suis maintenant une grande fille.

Et tant que ça suffira à ceux que j'aime, ça me suffira à moi aussi.

CQFD.

lundi 9 juin 2014

Lettre à une nouvelle-maman

Chère maman-toute-neuve, 

Je jette cette missive à la mer, juste au cas où tu aurais un coup de blues et que l'Univers voulait bien faire qu'elle te parvienne pile à ce moment-là.

On t'a peut-être déjà parlé des merveilleuses compétences du nouveau-né. Alors même que nos têtards en sont encore à s'accoutumer à la lumière du jour, ces super-pouvoirs nous éblouissent ou nous tirent les larmes. Un nourrisson qui trouve seul le chemin du sein, qui attrape notre pouce et le serre, qui "marche" quand on le tient debout ! Impensable. Ils sont tout neufs, on ne leur en demande pas tant... Mais c'est un fait. Leur talent est épatant, et leur pouvoir de séduction, à toute épreuve.

Pour le petit, c'est juste naturel. Il se contente d'être.


Mais la nouvelle-maman, celle qui le porte, le nourrit, le change, le nettoie, le console, elle se pose des questions, elle. Des milliers à la seconde. Elle a peur de mal faire, s'accuse et se remet en cause au moindre incident. Elle n'en finit plus de douter.

Et ce ne sont pas les conseils qui fusent de toute part autour d'elle qui vont arranger les choses - laisse-le pleurer - va le chercher - il a peut-être de la fièvre - il s'étouffe, là, non ? - mais non c'est rien - force-le à manger - laisse-le tranquille - c'est quoi ce truc qu'il a, là ? - ça je connais, c'est pas grave - un bébé, ça se laisse pas mourir de faim - MOI A MON EPOQUE... - arrête de stresser, tu vas le stresser ! - comment ça c'est moi qui te stresse avec mes 2000 conseils à la minute ???...


Donc si j'ai bien tout compris, TOUT LE MONDE sait ce qu'il faut faire, SAUF, précisément, la nouvelle-maman ??? Ô rage, ô désespoir... Alors elle fait quoi, la pauvrette, avec son bébé qui dort/mange/pleure trop/pas assez ??
 

Je sais, on ne m'a rien demandé. Mais quand même, j'en ai un, de conseil. Un seul.

- Écoute-toi ! -

Parce que même si tu n'as pas appris, tu es compétente. Comme ton nourrisson qui met un pied devant l'autre.

Ton instinct vaut mieux que tous les bouquins de puériculture.

Laurence Pernoud m'a dit d'appliquer la méthode 5-10-15 pour ma fille qui n'en finissait pas de hurler du fond de son petit lit. J'aurais pu trouver que c'était la bonne solution. Ça marche certainement pour certains. Mais mon cœur de maman me soufflait que non, ce n'était pas ce qui conviendrait à ma Lilwenn. Je l'ai écouté, et tout a changé. J'ai commencé à essayer de comprendre ma fille plutôt que de chercher à la "modifier"  en appliquant des méthodes. Je me suis mise en roue libre, en n'appliquant que des principes qui sortaient de ma tête et de mon cœur. Et quand rien ne fonctionnait, il y avait encore cette douce certitude, acquise au fil des premières semaines de la vie de ma fille : ça ne va pas durer. Tout change si vite avec les bébés...

Et ces principes, en dépit des protestations retenues (ou pas) de tout un tas de bonnes gens aux nobles intentions, étaient bons, parce que j'avais compris que j'étais compétente.

Ce sont les prétendues normes qui font perdre aux nouvelles-mamans la confiance en elles dont elles devraient disposer. Oublier ces normes et agir en accord avec soi-même, c'est se donner toutes les chances d'être une maman plus heureuse encore.

Nouvelle-maman, tu cherches un guide, des vérités ? C'est bien normal. Enfin, je crois, parce que j'ai fait pareil, et tout plein de copines à moi aussi. Et Dieu sait si on est de références, mes copines et moi ;)


Enfin bref... Cherche, mais cherche en toi. Tu n'oses peut-être pas l'admettre, mais tu as un avis. Tu l'étouffes peut-être pour mille et une raisons : tu n'appelles pas le 15, même si c'est samedi soir et que tu sens que quelque chose cloche, parce qu'"on ne dérange pas les médecins sans savoir si c'est une urgence", tu ne prends pas ton bébé qui pleure dans les bras, même quand ton instinct te dit de le faire,  pour "éviter qu'il ne devienne capricieux", tu ne lui redonnes pas le sein qu'il te demande parce que tu lui as déjà donné il y a 1h39... 


Dis zut aux règles qui ne te ressemblent pas, et qui ne ressemblent pas à ton enfant.

Ecoute-toi, profite de ta famille, bois chaque instant.

Et comme je ne sais pas me tenir aux règles que je m'auto-fixe, je vais quand même oser un autre conseil : dans quelques mois, quand ça ira mieux, quand tu auras pris du galon de maman, quand tu seras "passée par là" (oh, you know, I've been there...)... essaie de ne pas oublier tes moments de doute premiers. Ne rejoins pas l'armée des moins-nouvelles-mamans qui bombardent les bleues de "Pfiou, moi j'étais pas stressée DU TOUT... Et mon bébé, il était cool, il ne pleurait JA-MAIS !!!" Mais. Bien. Sûr.

N'oublie jamais tes sensations de toute-nouvelle-maman, car si tu en prends grand soin, que tu n'essayes pas de trafiquer tes souvenirs pour les rendre plus présentables, plus tard tu pourras fermer les yeux, et les faire revenir par vagues douces dans ta poitrine... Croix de bois, croix de fer, y'a pas de meilleure came sur toute la Terre du monde entier.

Maternellement tienne,

Lauriane

jeudi 20 mars 2014

Crazy, crazy, crazy

Non, mais oh.

Non, mais oh !

Stop !!!

Ca va là, stop !

Là où je travaille, on fabrique de grandes choses, et de petits hommes. Des hommes à l'âme rase-moquette, pétris de petites ambitions de pouvoir et galvanisés par l'argent. Des hommes qui jouent à merveille une partition hypocrite et parfaitement rodée, une comédie pathétique teintée de sexisme et de classe à 2 francs. C'est pourtant devant ce film que je m'esclaffe jour après jour, depuis 5 ans. Car moi aussi, j'ai bien appris mon texte. Je connais mon rôle, et mon personnage me colle parfois à la peau, bien plus que je ne le souhaiterais.

Et il faudrait que je laisse ces gens-là m'exploiter ? Aspirer mon temps, ma bonne humeur, ma santé ? Entacher le bonheur que j'ai à retrouver ma fille chaque soir, après le travail ?

Eh bien oui. J'évolue dans un monde où ces choses-là sont non seulement acceptables, mais indiscutablement normales. On a décidé que tel document devait être prêt pour demain et que je serais en charge de le créer ? Si je discute, si je n'ai plus le temps parce que j'ai fait ma journée, je suis en tort. Je suis amoindrie, je passe illico dans la catégorie des employés de deuxième classe, ceux que l'on met sur un strapontin siège éjectable. Je le sais, alors je ne le fais pas. Je travaille chez moi, je fais cadeau à ces vauriens de précieuses et rares heures de liberté.

Pas pour être reconnue - faut pas rêver, mais pour ne pas être rejetée. Mais encore : pour qui, pour quoi ? Pour l'argent, un peu, et pour ne pas décevoir mon entourage professionnel, beaucoup.

Et pourtant, c'est trop cher payé. La brûlure dans mon estomac, la culpabilité dans mon coeur, la tension partout, la tristesse souvent... Est-ce que ça vaut mon salaire mensuel, ça ? Certainement pas. Ce n'est pas cela que je vends.

Qui veut constater, au bout de sa vie, qu'il a laissé sans broncher d'autres hommes disposer du temps ridiculement court qui nous est concédé ?

Personne. Et pourtant, nous sommes des armées à s'engouffrer volontairement dans ce foutu piège. 

C'est une prison psychologique. On croit devoir quelque chose à quelqu'un. On laisse ce ou ces quelqu'un prendre l'ascendant, et c'est fini. On se retrouve à obéir. On ne peut plus dire non.

Je tiens à ma vie, ma vie unique, avec mon homme unique, ma fille unique, et l'espoir de voir ma famille s'agrandir. Alors je vais la sortir de ce mauvais pas, cette vie. Laisser derrière moi cette montagne de non-sens, ces batailles politiques, ces questions d'argent, ces tribunaux de grande injustice.

Je me le dois, je nous le dois.

La suite au prochain épisode...



mercredi 5 mars 2014

L'âme sauve

Je n'ai pas l'âme sauve. Bon, d'accord, personne ne l'a. Les névrosés sont légion. Ce sont les gens cools qui étonnent. Au boulot, on se passe le mot : "Oh, lui/elle, il/elle est toujours zen/souriant(e)/positif(ve) !". En ce siècle inquiétant, les normaux sont les aliens.

A priori, l'âme demeure dans le corps. Elle devrait donc, bon sang, être protégée, cette chose fragile, tapie derrière plus ou moins de centimètres de peau, de chair, d'os ! Ca paraîtrait logique...

Je ne sais pas pour vous, mais c'est comme si mon âme était une invisible seconde peau. C'est elle qui encaisse les coups en premier, c'est elle qui est couverte de bleus. C'est bien joli de clamer que notre âme nous rend humains, encore eut-il fallu que cette romantique et glorieuse particularité soit livrée avec un mode d'emploi digne de ce nom ! Parce que franchement, ça fait mal !!! XjkhfdjshZut, quoi !!!


Heureusement, comme nous les hommes, nous sommes trèèèès intelligents, nous avons inventé les psys. Le psy pour petits bobos, je l'ai testé pour toi. Il est gentil avec toi, mais c'est surtout parce qu'il te considère comme une récréation - sinon tu l'exaspèrerais. Et quand ton rendez-vous est calé entre celui d'une ado anorexique et celui d'une cinquantenaire bourrée de tocs, tu ne peux que le comprendre. Alors, avec bienveillance, il t'apprend à déployer ton bouclier émotionnel. Celui qui va protéger ton âme. Et tu te convaincs que ça t'aide, un peu. Et tu finis par aimer t'installer dans son bureau à la lumière tamisée. Tu deviens amie avec le vieux Voltaire qui te laisse patiemment user ses bras des caresses longues que tu lui offres pour combler tes silences. Après la dernière séance, ton soulagement est teinté de mélancolie.

Ma vérité, je vais vous la dire (c'est les vacances pour la grammaire aussi, oui !). Se parer d'une armure d'indifférence, c'est pas possible. Et je ne souhaite à personne d'en arriver là. Donc, y'a pas de vaccin contre les virus qui s'attaquent à l'âme.

En revanche, y'a des traitements de fond et des pansements. On a juste tendance à l'oublier quand on est au fond du trou.

J'ai commencé cet article un soir où j'étais au fond du trou. Il a bien évolué depuis, et moi j'ai aussi un peu remonté la pente.

Hauts les coeurs. La vie grise les âmes roses, mais c'est souvent réversible. Pas toujours, mais plus souvent qu'on ne le croit.

mardi 4 février 2014

Question de genre

Il y a celles que rien ne repousse au-delà de l'horizon de ma vie. Ni les années, ni les kilomètres.

Il y a celles qui deviennent floues, mais ne disparaissent pas.

Il y a celles, bien peu nombreuses, qui ne reviendront pas.

Il y a celles qui sont là tous les jours.


Il y a celles qui m'enseignent que la vie peut être infiniment dure, infiniment compliquée, mais que ce n'est pas une excuse pour devenir médiocre.

Il y a celles auprès desquelles je prends conscience de mes limites, pour mieux les repousser.

Il y a celles que je découvre, sourire après sourire, coup de gueule après coup de gueule, faiblesse après faiblesse, exploit après exploit. Et chaque découverte me lie davantage à elles.

Il y a celles auxquelles je porte un amour inconditionnel, infini, profond. Ancré. Mon ultime famille.

Il y a celles que je ne connais que par miracle, par naissance, par maternité. Mes co-mamans pour la vie. 

Il y a celles, d'âge un peu plus mûr que le mien, qui me bouleversent par leur sagesse. Leur bienveillance est comme l'étreinte d'une mère.

Et puis il y a Celle. Celle dont je viens, celle dont je tiens la vie qui m'a permis de donner la vie. Son essence et ses valeurs sont mon essence et mes valeurs. L'essence et les valeurs de ma fille, au moins en partie.

Je vous aime toutes, presque toujours.


Aucune femme n'est parfaite, mais y'a pas d'homme comme vous.

lundi 23 décembre 2013

Ooooops...

...I did it again.

Non, je ne cherche pas ici uniquement à faire une dédicace à une fan d'ananas que je porte particulièrement dans mon coeur.

I did it again : j'ai recommencé à écrire dans ma tête, et à laisser mes pensées s'envoler vers rien du tout au lieu de les mettre ici, seul endroit où elles peuvent s'installer bien au chaud et être partagées.

J'ai voulu partager une délicieuse vague de bonheur sous un ciel d'hiver particulièrement doux et rassérénant.

J'ai voulu partager ma peur de voir grandir ma fille dans une société intolérablement intolérante.

J'ai voulu partager la joie d'une bataille gagnée.

J'ai voulu partager ma peine face à une maladie qui s'amuse à frapper en priorité chez les personnes les plus belles.

J'ai voulu partager ma lassitude de vivre 8h par jour dans un environnement professionnel où plus rien ne survit sous le poids de la domination du carriérisme, des budgets toujours plus serrés, des hypocrisies de moins en moins souterraines.

Nous abordons la dernière semaine de l'année, cette fine fenêtre temporelle au cours de laquelle nous nous autorisons à être convaincus de notre propre détermination : "l'année prochaine, c'est décidé, je...."

Alors comme beaucoup, l'année prochaine je veux que ça change.

Je veux changer de boulot. Et je veux faire un bébé. Et gare aux oiseaux de mauvaise augure qui oseraient penser un peu trop fort que c'est incompatible !!!

Allez, je vous dis à très vite. Et à bientôt, car l'année prochaine, c'est décidé... J'écris ;)

mercredi 11 septembre 2013

Dimanche 8 septembre 2013

Ça vient de me traverser. C'est passé par ma poitrine, par mes bras, par mes yeux. Une sensation pas nouvelle, mais que je ne savais plus m'autoriser. Et que j'avais oubliée. J'ai regardé le sol, j'ai regardé la Garonne. J'ai senti le vent caresser ma joue. Je savais où j'allais, et ce que j'allais trouver à la maison en rentrant. Mon cœur s'est délesté de tous ses tourments. J'ai vu ma journée, j'ai vu celle d'après. J'ai dit bonjour à un inconnu qui chantait sur son vélo, décliné avec le sourire son invitation à discuter. La chaleur de l'été ne me pesait plus, l'incertitude sur notre avenir non plus. J'ai été prise d'un optimisme sans élan, sans excès, un optimisme serein et surtout, aucunement forcé. Soudain, je n'ai plus eu besoin de réfléchir à tout ce qui est chouette dans ma vie. J'ai été heureuse sans le rechercher. J'ai tout l'amour du monde avec moi - celui que je donne et celui que je reçois - et le gros de mes soucis s'estompe plus vite que jamais. Oui, ce matin, j'ai eu le sentiment que les choses étaient simples. Mon cerveau sait bien que c'est faux, mais ce qui compte, c'est la façon dont on vit les choses, non ?

jeudi 15 août 2013

Let me introduce to you...


Maori-Loup

J'ai la manie de rencontrer des gens. Surtout quand je voyage. Ils me livrent une photo de leur vie, leur vie telle qu'ils la voient à l'instant T. Je fais pareil. Je sais que l'histoire aurait été différente la veille ou le lendemain. Ça rend ces rencontres rares et précieuses. Et puis une fois de temps en temps, la rencontre est un peu plus touchante. On se dit qu'on s'en souviendra forcément. Évidemment, le temps passe sur ces beaux moments et après quelques années, il en reste, au mieux, des bribes.
Mais aujourd'hui il y a ce blog, alors voilà, je vais vous parler de Maori-Loup.

Lundi 12 juin. Je suis en salle d'embarquement, je bosse sur mon ordi tout en pensant à ma fille, que je viens de quitter pour 54 heures. Les salles d'embarquement résonnent toujours des courses et des cris de 2 ou 3 enfants, et je ne peux jamais m'empêcher d'envier ces parents qui voyagent avec leurs bouts de chou. Je lève donc la tête vers cette maman et son petit de 5-6 mois qui pousse des cris d'oiseaux bizarres du fond de son porte-bébé. Je me rappelle mon voyage en avion avec Lilwenn, me dis que les prochaines 2h20 vont être un peu compliquées pour ces 2 voyageurs. Je me prends à espérer qu'ils seront assis près de moi, plutôt que d'un ronchon qui sera exaspéré par les plaintes du poupon au bout de 30 secondes. L'avion est un 150 places.

Siège 6A, je lève la tête pour vérifier. La maman et son bébé sont en 6C,  côté couloir. Ils m'attendent, debout, pour me laisser accéder au hublot. Le siège du milieu est resté libre. Donc nous voyageons ensemble ! Quelle était la probabilité pour que ça arrive ?

J'ai donc pu faire connaissance avec Maori-Loup. Maori-Loup, il a une maman qui est tellement vraie qu'elle vous donne l'impression de discuter directement avec ses émotions, avec ses sourires, avec ses moues. Elle se livre à demi-mot (et en allemand !), mais son visage en dit tellement qu'on comprend tout. Sa pudeur est sans surjeu.

Evidemment, le voyage est trop long pour le bébé. Il pleure, remue, s'énerve.

Maori-Loup est "arrivé très vite", et ses parents "prennent leur temps avant de décider ce qu'ils vont faire". Maman habite le Nord de l'Allemagne, papa le Sud de la France. Et maman se bat pour l'élever seule, sans pour autant le priver de papa.

Depuis que je suis devenue maman, voir un enfant démarrer dans la vie avec un handicap sur les autres - maladie, parents en perdition... - me fait systématiquement flipper.

Maori (prénom choisi par la maman)-Loup (choisi par le papa) me fait tout l'effet contraire.
Ce sera sans doute pas facile tous les jours, mais avec une maman qui rayonne de positivisme et de bon sens, et qui a choisi l'amour comme pilote de ses actes, j'ai confiance pour lui.

En partant, la maman de Maori-Loup m'a souhaité bonne chance, et j'ai fait pareil.

J'espère bien retomber sur eux un de ces quatre.

mardi 9 juillet 2013

Merci, Frédérique

Que je vous raconte.

Vendredi soir, j'ai passé une soirée de folie. Rien bu, rien fumé, pas vue, pas prise - rien de cet ordre, désolée pour les gourmands.

19h40, ma fille est bizarre. Elle a un peu de fièvre depuis 2 jours, mais un peu, quoi. Et là, 39.3. Suis seule à la maison, alors pour une fois, je dois décider seule. Seule ?! Allez ma belle, inspire, expire, réfléchis. Inspire, expire, réfléchis. Inspire, expire...

J'appelle mon homme, il répond. Ouf. Nous décidons qu'il est plus sage de prendre un avis médical avant de la coucher. A 20h20, je dis aurevoirmerci à la dame du 15 qui vient de me diriger vers le médecin de garde, je donne une Cracotte à ma fille pour la faire patienter, je rassemble tout ce qu'il faut pour partir en expédition avec un bébé fiévreux un vendredi soir d'été à 20h30 en pleine Corrida Pédestre de Toulouse.

Maison médicale de garde de la Grave. C'est glauque, et si je dis grave glauque on va croire que c'est un jeu de mots, mais sans rire c'est grave glauque ! Pour ceux qui ne connaissent pas, allez faire un petit tour par-là, vous comprendrez mieux.

A peine le temps de m'installer dans la salle d'attente, Frédérique arrive, tout sourire. Immédiatement, la pièce devient un peu moins glauque.

Je suis Frédérique dans son cabinet-un-peu-glauque-mais-ça-passe. Le consult' se passe comme elle se passe, je communique tant bien que mal avec Frédérique par-dessus les hurlements de ma fille, éternelle blouseblanchophobique. Je garde le sourire, je garde le moral. Même quand je comprends que je vais devoir traverser tout Toulouse à pied et en poussette pour aller chercher les médicaments à la glauquissime (hors concours !) pharmacie de nuit de Jean Jaurès, j'accepte l'idée sans broncher. Après tout, ma fille n'a qu'une angine, et je n'avais rien de prévu ce soir. Alors crapahuter en ville jusque 22h30 au lieu de comater devant ma série, ça ne m'irrite pas plus que ça. J'en suis là dans mes réflexions quand Frédérique interrompt ses tapotements de clavier, nous regarde en souriant, ma fille-sirène (de pompiers) et moi, et dit...

Oui mais si je vous dis là-tout-de-suite-comme-ça ce qu'elle a dit, vous n'allez pas comprendre pourquoi c'est important. Et si je ne vous explique pas, alors autant ne pas vous raconter cette histoire ! Donc, pause.

C'est presque toujours injuste et injustifié, mais une maman n'échappe pas à la loi des catégorisations. Alors pour info, je suis THE maman stressée. Parce que je vérifie si ma fille respire dans son sommeil, parce que je m'inquiète pour elle quand on n'est pas ensemble, parce que je fais très attention à ce qu'elle mange, parce que je peine à retenir mes larmes quand je pars en déplacement professionnel pour 48h... Moi, je trouve que je suis juste dans la moyenne, et j'irai même jusqu'à dire que je sais faire preuve d'un sang-froid certain lorsque cela s'avère nécessaire. Mais peu importe, je suis une maman stressée, ce qui explique magnifiquement et naturellement les problèmes de sommeil qu'a eus ma fille, ses pleurs de séparation, son anxiété face à certains inconnus... Et je vous passe les "Ah ça de toutes façons, c'est certain ! Maman-cool, bébé-cool, maman-anxieuse, bébé-anxieux !" pleins de sous-entendus.

Alors que Frédérique m'ait percée à jour ou que j'aie merveilleusement joué la comédie, peu importe. Je ne veux surtout pas savoir par quelle magie elle a adressé à ma fille cette phrase magique, percutante, médicament. Elle n'aura jamais idée du bien qu'elle m'a fait. Frédérique est-elle une bonne ou une mauvaise personne dans la vraie vie ? Une bonne, j'espère, sinon, tant pis. Quand cette phrase s'est glissée dans mon oreille, il y a eu comme une vague à l'intérieur de moi. Etait-ce la fatigue de la semaine, l'effet de surprise ? J'ai dû baisser le regard pour lui cacher que j'avais les larmes aux yeux lorsqu'elle a prononcé, pensive, ces quelques mots gentils :

"- Lilwenn, tu en as de la chance d'avoir une maman cool comme ça, tu sais !"

Oui, c'est tout, et non, ma réaction n'est pas excessive. D'abord parce que c'est une petite victoire que je ne compte pas oublier de sitôt, et ensuite parce que je suis sûre que d'autres mamans souffrent un peu, comme moi, de leur image de maman stressée. Je partage cette petite victoire avec elles !

Alors voilà, c'est tout mais c'est déjà énorme.

Au fait...

Merci, Frédérique.

mercredi 19 juin 2013

Incroyable

C'est un sujet difficile, mais c'est de lui que j'ai envie de parler. De cette personne. De ce gâchis.

Retour sur images.

1986. Deux tout tout petits amoureux qui se cachent dans la classe pendant la récré. Ils ont 4 ans et ils se cachent pour n'être que deux. Ou pour une toute autre raison, que sais-je - jamais un enfant, un grand bébé, n'écrira, ne décrira ce qu'il vit au moment où il le vit. Si leurs tourments intimes laissent des empreintes, ils ne s'en envolent pas moins pour toujours.

Les années passent. La petite fille pense toujours au petit garçon, tendrement. Elle collectionne les publicités du commerce de ses parents. Leur spécialité, c'est le boudin ! Le boudin noir ! Mais peu importe. Ca ou des fleurs ! La petite fille ne se pose même pas la question. Les affichettes la raccrochent à son amoureux.

Les années passent encore, les chemins se séparent pour de bon.

Quelques années encore, et leurs mondes se rejoignent un peu, par leurs frontières. Juste assez pour qu'ils discutent épisodiquement, pour qu'ils sachent ce qu'ils deviennent, respectivement. Le mariage d'un ami commun, des passages dans leur région d'origine. Juste assez pour que la petite fille devenue grande coure frapper à la chambre d'hôpital du petit garçon devenu triste quand il réchappe de sa première tentative.

Il a l'air bien. Bizarrement bien. Il est entouré, rassuré. Souriant ! On s'en réjouit, sans doute un peu lâchement. Il n'a pas 25 ans, il a toute la vie devant lui. Ouf.

Janvier 2012. Un coup de fil, une femme en pleurs. Ma mère. Anthony ne s'est pas loupé, cette fois. Incroyable. Impossible à croire, plutôt. Je m'interdis de réagir.

Mars 2012. L'enterrement est passé, les hommages se sont succédés, à des centaines de kilomètres de moi. Mon monde fait son deuil. Moi, en ai-je vraiment le droit ?! Jamais je ne l'ai appelé. Il était dans mon paysage, il était là pour toujours. Il n'allait pas faire ça. J'allais le revoir dans un mois, un an, deux ans, peu m'importait. Un jour, on m'annoncerait son mariage, la naissance de son premier enfant... Anthony allait avoir une vie normale. Le contraire ne me serait jamais venu à l'esprit. Mars 2012, je m'autorise à fondre en larmes. Il le fallait.

Juin 2013. Oui mais. Mais ici, rien n'a changé. Pour moi, il n'y a pas eu d'enterrement, il n'y a pas eu d'hommage. Pour moi, il n'est pas mort. Quand il traverse mes pensées, je l'imagine vivre sa vie. Il y a d'un côté ce que je sais, et de l'autre ce que mon cerveau élabore.

Après 17 mois, je comprends soudainement, ce soir, que moi aussi, j'avais un deuil à faire. Et que j'en avais le droit, même sans être sa soeur, sa meilleure amie, ni même une simple amie. Moi aussi, j'étais dans son paysage. Il ne m'aurait pas interdit de le pleurer.


Ce ne serait pas une mauvaise idée d'aller sur sa tombe, un de ces quatre. Oui, je vais le faire. Sûrement.

mardi 4 juin 2013

Dans ma trousse de secours anti-cafard (liste non exhaustive)

Il y a,
Les sourires d'inconnus
Les cadeaux que l'on fait
Et ceux que l'on reçoit
Les moments d'insouciance
Les franches rigolades
Les félicitations
Les glaces au chocolat
Tartines aux Spéculos
Et puis au Nutella
L'émotion toute nue
Les discussions de filles
Les câlins, les bisous
Le cocon familial
Les chansons qui nous parlent
Les textes qui nous touchent
Les rythmes qui nous transportent
Les gens qu'on aime vraiment
Et qui nous aiment aussi
L'espoir de s'en sortir
Et le bout du tunnel
Et la foi en la vie
L'optimisme à tout prix
Les choses auxquelles on tient
Les larmes de bonheur
Et puis la bonne humeur
Aimer ce que l'on a
Se contenter de peu
S'en contenter vraiment
Et respirer la joie,
Et bien sûr il y a
Ma fille et son papa.

mardi 28 mai 2013

La course à eux

Je suis la conductrice contre laquelle je peste quand elle met un coup d'accélérateur un peu bruyant pour passer au feu, de peur qu'il ne vire au rouge une seconde trop tôt. Et de perdre 1 minute 30.

Je suis la collègue que je trouve aigrie quand elle devient électrique en fin de journée, parce qu'elle doit décoller à 17h00. Pas 17h02.

Je suis la copine que je trouve un peu psychorigide, parce qu'une sortie, c'est à partir de 20h15. Et si la séance est à 20h05, ce sera sans elle.

Je suis celle que je trouverais sans doute un brin... Obsessionnelle... Si je ne la connaissais que depuis la voiture de la file d'à côté, le bureau de la collègue d'en face, ou par une copine de copine de copine.

Je suis celle qui court après les secondes.

Pas par lubie.

Par instinct. Par amour.